2021-08-26, Libération, by Eric Delhaye
Couper ou écraser les testicules des garçons prépubères, ou «seulement» sectionner leur cordon spermatique, ça ne se fait plus. C’est mieux comme ça, même si la musique y a perdu ses castrats. Barbarie perpétrée au nom de la beauté, répandue en Europe du milieu du XVIe siècle au début du XIXe, la pratique visait à bloquer la sécrétion de la testostérone des jeunes chanteurs et donc de stopper leur mue. Formés au lyrique durant toute leur adolescence, ils pouvaient ensuite propulser leurs voix enfantines avec la puissance de leurs cages thoraciques devenues adultes. C’était, dit-on, impressionnant : les rares élus, issus de familles pauvres en quête de jackpot, pouvaient tenir une note pendant une ou deux minutes sans respirer, tout en exhalant le trouble propre à leur masculinité mutilée. Initialement dédiés à l’interprétation du répertoire sacré dans les chapelles dont les femmes étaient exclues, les castrats furent plébiscités en Italie, à l’image du célèbre Napolitain Farinelli (17…
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