2018-01-29 featured press

res musica – Only the Sound Remains de Kaija Saariaho à Garnier

2018-01-29, res musica, by Patrick Jézéquel

Only the Sound Remains De Kaija Saariaho À Garnier

Le 29 janvier 2018 par Patrick Jézéquel

La Scène, Opéra, Opéras

Paris. Opéra Garnier. 27-I-2018. Kaija Saariaho (née en 1952) : Only the sound remains (2016). Philippe Jaroussky, contre-ténor ; Davóne Tines, baryton-basse ; Theater of Voices, quatuor vocal ; Meta4, quatuor à cordes ; Eija Kankaanranta, kantele ; Camilla Hoitenga, flûte ; Heikki Parviainen, percussion ; Nora Kimball-Mentzos, danseuse ; Ernest Martínez Izquierdo, directeur musical ; Peter Sellars, metteur en scène ; Julie Mehretu, plasticienne.

FRANCE
ÎLE-DE-FRANCE
PARIS
OPÉRA GARNIER

CAVALLERIA RUSTICANA/ SANCTA SUSANNELe Palais Garnier accueille en création française Only the sound remains de Kaija Saariaho, opéra en deux parties – Always Strong et Feather Mantle – sur un livret d’Ezra Pound, d’après deux pièces du théâtre nô de Zeami (1363-1443). La surprise et le bonheur de découvrir une entreprise collective très cohérente, où la richesse des textures sonores le dispute à l’épure de l’ensemble.

La permanence est un vieux rêve de l’humanité : qu’est-ce qui demeure quand tout est flux ? Seulement le son ? Et pourquoi ce flux serait-il borné à notre vieux monde immanent puisque le rêve déborde toujours la réalité ? Le sourire énigmatique des chérubins de Marc Chagall, qui volettent sur la coupole du palais Garnier, est encore la meilleure réponse à l’ambivalence revendiquée par Kaija Saariaho, dont la musique est toujours flottement, résonance, transition, métamorphose. Only the sound remains est un diptyque dont le fil conducteur est la rencontre fortuite et problématique des mondes humain et surnaturel.

Dans Always Strong, au climat sombre et angoissé, un spectre, celui du guerrier Tsunemasa (Toujours Fort, interprété par Philippe Jaroussky), aimanté comme un papillon par les prières que lui adresse le prêtre Gyokei (Davóne Tines) pour le repos de son âme, apparaît brièvement puis s’évanouit, ne laissant plus de trace sensible que sa voix. Dans Feather Mantle, tableau plus lumineux et léger, une Tennin (Jaroussky), ange ou nymphe, supplie le pêcheur Hakuryo (Tines) de lui rendre la cape de plumes qu’il a trouvée pendue à une branche d’arbre. Curiosité post-mortem de revenant dans un premier cas, égarement ici-bas d’un esprit céleste dans le second. C’est la métaphore de la condition humaine, qui est exil ontologique, donc souffrance, tiraillement, inquiétude. Cette situation contrariée trouve ici son théâtre dans une tragédie stagnante où deux mondes se frôlent sans jamais pouvoir fusionner.

Quand la musique naît du silence

Mais ces histoires valent aussi ou surtout pour la poésie qui s’en dégage, « cette hésitation prolongée entre le son et le sens » (Paul Valéry). Quelques phrases à valeur générale – ainsi « Le doute est une chose des mortels : chez nous, il n’y a pas de mensonge. » – font saillie dans un texte par ailleurs très simple et qui fonctionne souvent par images empruntées à la Nature, comme souvent chez les Japonais : « Les manches des fleurs sont humides de pluie. » ou « Le plumage du ciel ne se laisse diminuer ni d’une plume ni d’une flamme. » Mais, dans cet opéra, c’est le son qui relie le matériel au spirituel. Le son comme lien, intercession, passage, trace, réminiscence. Avec comme équivalent scénique le magnifique rideau tendu au milieu de la scène (Julie Mehretu), une peinture paysagère noire mi-figurative sur une toile écrue. Ténue comme un voile et régulièrement animée par de savants éclairages de couleur, elle symbolise l’écran semi-perméable qui, dans notre vie intérieure, ne laisse filtrer que les intuitions et les impressions fugitives de nos états de semi-conscience.

CAVALLERIA RUSTICANA/ SANCTA SUSANNE

Deux solistes, deux quatuors, l’un vocal, l’autre à cordes, un kantele (qui rappelle le koto), une flûte et des percussions : cet opéra de poche est par ses dimensions fidèle au dispositif qui prévalait dans le théâtre nô. Il s’en détache par l’électronique, qui prolonge le son, notamment la voix du contre-ténor, ce qui confère à l’ensemble une dimension cosmique ou métaphysique. Le son part de la scène et se répand dans la salle pour envelopper l’auditoire, le conviant ainsi à une dramaturgie de l’intime. Le spectre, c’est aussi celui du son, où se montre tout le talent de la compositrice. Particulièrement soignée, l’écriture orchestrale est l’assise sur laquelle peut s’installer le climat. Instrumentistes et chanteurs fonctionnent comme un ensemble de chambre, évoluant sans cesse entre unissons et solos très expressifs, lesquels donnent beaucoup de relief au continuum musical. La musique aussi est un personnage. Fait remarquable : l’idée et le traitement géniaux d’un chœur, lequel rappelle la tragédie antique et permet une mise en abîme à la fois spatiale et temporelle. La présence de la flûte, du kantele et de la percussion est plus attendue (mais non moins appréciée) chez une musicienne fidèle à certains instruments et à leurs interprètes.

La mise en scène de Peter Sellars sert admirablement le contexte, entre rituel bouddhique, chorégraphie amoureuse (entre l’homme et ce qui pourrait être son double spirituel), lenteur de l’action et puissance d’évocation. Sans oublier, dans le second tableau, l’apparition discrète et centrale en même temps de Nora Kimball-Mentzos, qui exécute une danse assez sobre, sorte de commentaire muet tant des périodes naturelles transitoires (ainsi les phases de la lune) que de la présence divine. Davóne Tines, dans son bel habit tantôt de prélat tantôt de pêcheur, a une très sûre et très belle présence scénique, ce qui n’est pas le cas de Philippe Jaroussky, plutôt raide dans sa tenue blanche assez peu seyante.

Tsunemasa revient sur terre pour rejouer de son luth et la Tennin offre une nouvelle danse pour égayer les mortels : c’est bien la musique, conçue comme le guide ultime des hommes, qui est au cœur d’Only the sound remains, contemplation et non pas méditation.

Conquis, le public applaudit très longuement.

Crédit photographique : © Elisa Haberer – Opéra national de Paris

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2018-01-24 featured press

La Croix – Philippe Jaroussky mi-ange, mi-fantôme à l’Opéra de Paris

2018-01-24, La Croix, by afp

La voix céleste du contre-ténor Philippe Jaroussky s’est élevée pour la première dois à l’Opéra de Paris mardi soir dans une oeuvre contemporaine de la composirice findlandaise Kaika Saariaho mise en scène par Peter Sellars, “Only the sound remains”. […]

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2018-01-28 featured press

Time – Grammys 2018: See the Full List of Winners

2018-01-28, Time Magazine, n. N.

Best Classical Solo Vocal Album:
Bach & Telemann: Sacred Cantatas — Philippe Jaroussky; Petra Müllejans, conductor (Ann-Kathrin Brüggemann & Juan de la Rubia; Freiburger Barockorchester)
Crazy Girl Crazy – Music By Gershwin, Berg & Berio — Barbara Hannigan (Orchestra Ludwig)
Gods & Monsters — Nicholas Phan; Myra Huang, accompanist
In War & Peace – Harmony Through Music — Joyce DiDonato; Maxim Emelyanychev, conductor (Il Pomo D’Oro)
Sviridov: Russia Cast Adrift — Dmitri Hvorostovsky; Constantine Orbelian, conductor (St. Petersburg State Symphony Orchestra & Style Of Five Ensemble)

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2018-01-27 featured press

Le Inrockuptibles – “Only the Sound Remains” : Peter Sellars et Kaija Saariaho hissent l’opéra à des hauteurs vertigineuses

2018-01-27, Les Inrockuptibles, by Fabienne Arvers

Un opéra contemporain qui subjugue et éblouit : “Only the Sound Remains” entremêle dans un même songe éveillé le théâtre nô japonais, la musique spectrale et le timbre inouï du ténor Davone Tines et du haute-contre Philippe Jaroussky. […]

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2018-01-26_02 featured press

Operapoint – Only the Sound remains – Es bleibt nur der Ton – Paris, Palais Garnier

2018-01-26, Operapoint, by Zenner

Davóne Tines singt mit voller, tiefer Baritonstimme. Sein Gesang ist eindringlich, doch relativ traditionell. Philippe Jarousskys Rolle ist ein oft lang hinausgezogener, klagendender Legatogesang. Sein Countertenor ist makellos rein, klar und fast vibratolos, was ihm einen ätherisch überirdischen Klang verleiht. […]

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2018-01-26 featured press

France Info – CD: trois ténors, Kaufmann, Villazon, Jaroussky, donnent de leur voix

2018-01-26, Culturebox, by Bertrand Renard

Je reviendrai enfin de quelques mots sur le très beau CD consacré par Philippe Jaroussky à Haendel. Notre haute-contre national en avait chanté de très larges extraits lors du concert dont j’avais alors rendu compte (voir ma chronique du 4 novembre): huit airs, certains avec le récitatif inhérent. Croyez-vous que le petit malin (je n’avait pas encore reçu son CD à l’époque) en avait rajouté deux en loucedé, déguisés en bis? […]

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2018-01-25 featured press

Ópera Actual – París: Martínez Izquierdo dirige Saariaho

2018-01-25, Ópera Actual, by Jaume Estapà

Philippe Jaroussky (el espíritu y el ángel) mostró su capacidad para salir del barroco y entrar en lo postmoderno. […]

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2018-01-25 featured press

Bachtrack – The nô needs Kaija to win : Only The Sound Remains laisse Garnier sans voix

2018-01-25, Bachtrack, by Suzanne Lay-Canessa

Nourri aux sonorités suaves de la compositrice finlandaise et à l’imaginaire opaque du metteur en scène américain, Only the sound remains est présenté à raison comme le fruit d’une rencontre féconde, survenue il y a vingt-sept ans. […]

(Bachtrack gives 5 stars)

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2018-01-23 featured press

ConcertoNet – Hypnose ou décoratif de luxe ?

2018-01-23, ConcertoNet, by Jérémie Bigorie

Pour ses débuts à l’Opéra de Paris, Philippe Jaroussky bénéficie d’une partition sur mesure: la voix (sonorisée), enveloppée des tulles argentés de l’électronique, des transitoires spectrales et autres diaprures scintillantes dispensées par l’instrumentarium, s’accommode sans coup férir des volumes homogènes du Palais Garnier. [,,,]

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